Aujourd’hui, c’est le 1er dimanche de Carême, et si vous pensiez que c’était juste une journée de privations et de soupe fade, détrompez-vous ! C’est aussi la fête des brandons, une tradition qui, même si elle a perdu son lustre en Provence, a laissé en héritage les fameux feux de joie clôturant les carnavals de février. 😎
Appelée aussi « Dimanche des brandons » (ou Dimenche di brandoun pour les intimes du provençal), cette fête a su résister aux affres du temps dans l’extrême nord de l’Occitanie (coucou l’Auvergne et le Bourbonnais !). Du côté des Pyrénées, elle a fait un petit mix avec les feux de la Saint-Jean en juin, ayant le même symbole du feu purificateur. En Haute-Provence, elle était encore très présente avant-guerre dans la Vallée de la Blanche et l’Ubaye.
Mais au fait, c’est quoi ces fameux brandons ?
Pas des bonbons, non, mais des branches de bois (petites ou grosses) qu’on utilisait pour allumer des feux ou en faire des torches. À l’origine, on brûlait des petites branches autour des arbres fruitiers, histoire d’éliminer la vermine et d’assurer une bonne récolte. Cela fertilisait aussi la terre.Mais, parce que nos ancêtres ne faisaient jamais les choses à moitié, c’était aussi un bon vieux rituel magique pour chasser le mauvais sort et dire à l’hiver : "Ciao, on en a marre de toi !"
Autre rituel souvent cité
Une charrette menée par des jeunes du village qui faisaient du porte-à-porte (façon Halloween, mais en mode "file-nous du bois") pour collecter des fagots. Le tout était ensuite transporté hors du village pour un méga feu de joie, avec danse autour des flammes et saut au-dessus des braises. On disait que celui ou celle qui réussissait à sauter sans brûler ses vêtements se marierait dans l'année.Et en Provence ?
À Aix-en-Provence et dans les villages de tisserands, les fileuses brulaient les résidus de chanvres issus de la putréfaction hivernale nécessaire à sa transformation en fibre pour le tissage. Mais attention, pas n’importe comment ! Le tout était enroulé sur un mât ou cousu en mode poupée vaudou. On parle alors de « Feu des Chanvres ».La jeunesse en profitait pour organiser la célèbre danse des fileuses (Lei fieloua), menée par un maître de cérémonie avec un bâton enrubanné. Et c’est là que naît une tradition culte : le Caramentran (>> voir mon article), un genre de Burning Man provençal avant l’heure, mais avec plus de farandoles et moins de techno.
Bref, une tradition qui prouve que nos ancêtres savaient vraiment mettre le feu – littéralement ! 👍
Greg - 9 mars 2025
