Fête de la Saint Jean, nuit de toutes les superstitions en Provence

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Fête de la Saint Jean

Aujourd’hui, c’est juste un simple feu de joie, dit "Feux de la Saint-Jean", dans un coin de nos villages, saupoudré de folklore provençal. Mais autrefois, c’était beaucoup plus que cela. 😎

Quand on fait la liste des pratiques anciennes entourant cette fête, on est sur du très lourd en matière de superstitions et mysticisme.

Saint Jean Baptiste

Dualité calendaire

Déjà le choix de Saint Jean (Le Baptiste) pour célébrer le solstice d’été, et faire résonance avec l’autre Saint Jean (évangéliste) fêté au solstice d’hivers en décembre. Deux Saints les plus mystiques de l’époque du Christ, afin de coller avec le mysticisme païen d’avant. Car les solstices étaient les fêtes les plus populaires du paganisme. Surtout dans les campagnes avec une nature soumise au rythme solaire.

Autre concomitance, les deux fêtes johanniques sont célébrées aujourd’hui par un grand feu dans les villages provençaux, hivers comme été.

Feux de la Saint Jean

Le feu qui illumine

Je passe sur la force symbolique du feu, sa magie et ses croyances, le rite de danser autour, ou sauter par-dessus en récitant des formules. Le sujet a été abondamment traité.

Ce qui retiendra notre attention, c’est cette tradition assez récente d’allumer un brasier avec des fagots enrubannés aux couleurs de la Provence au sommet du Mont Ventoux, le Géant de Provence. Un mimétisme avec celle du Pic du Canigou en Catalogne. Mieux, la flamme qui allume le Ventoux vient du Canigou après un parcours, comme la flamme des jeux olympiques. Un rappel du passé commun durant lequel la Saint-Jean était une fête majeure du calendrier occitan. Il existe une confrérie.

Aïl de la Saint Jean

Vertus des braises

Après le feu, les villageois récupéraient les braises à la maison. Elles protègent des incendies, de la foudre et de… la pauvreté ! Répandues dans les champs, elles protègent les récoltes. Dans le linge, elle protège des mites.

Spécificité provençale, on jetait dans la cendre chaude des gousses d'ail que les enfants mangeaient à déjeuner pour se préserver des maladies et des sortilèges. L’Ail comme repoussoir du mal, incarné par les vampires dans d’autres pays. Pourquoi l’ail ? Sans doute pour la simultanéité avec sa récolte au mois de juin où il sèche en bottes. D’ailleurs les foires dédiées à l’ail étaient célèbres au moyen-âge, dont celle de Marseille qui a longtemps perduré. Ces foires étaient baptisées : foire de la Saint-Jean.

Herbes de la Saint Jean

L’herbe qui guérit

Avec le feu, une tradition a survécu, c’est celle du ramassage le lendemain matin des plantes aux vertus médicinales, voire magiques, selon le dicton «les herbes de Saint-Jean gardent leurs vertus tout l'an». Leur ramassage à la rosée, après la nuit la plus courte de l’année, est tout un rite.

Dans certains terroirs, on cueille les plantes le soir de la Saint-Jean, puis on les passe dans la fumée du feu pour acquérir les vertus magiques. Ces plantes serviront à confectionner les "ramallets de Sant Joan", comme porte-bonheur dans les maisons jusqu’à l’année suivante, où de nouveaux bouquets les remplaceront.

Le nombre et la composition varie en fonction des régions. Millefeuille et millepertuis forment les incontournables. Le millepertuis, utilisé en huile rouge, soigne notamment les brûlures.

Autres bizarreries liées à l’eau

Pendant la nuit de la Saint-Jean, la croyance populaire voulait que l’eau devienne magique. N’oubliez pas que Saint Jean baptisait par l’eau !

Ainsi les gens se lavaient dans les sources à minuit. Boire l’eau à 9 sources la veille soigne du goitre. Boire l’eau des pots de fleurs laissées à la belle étoile soigne les maladies de peau. Se rouler dans la rosée aussi. Se baigner dans la mer à minuit et subir l’écume de 7 vagues aussi.

Les troupeaux devaient au matin traverser les rivières plusieurs fois en guise de protection contre les maladies.

Trompettes de la Saint Jean

Les trompettes de la Saint-Jean

Pour finir, citons cette ancienne tradition typiquement provençale. Celle des trompettes d’argile, également appelée "Toutouro". Fabriquées principalement à Aubagne, capitale provençale de la poterie, elles servaient à appeler le vent indispensable au dépiquage et au criblage du blé, dont la moisson venait de se terminer. Leur son était censé chasser les mauvais génies et exorciser le Mistral.

Les pèlerins qui, pour la Saint-Jean, se rendaient au prieuré Saint-Jean-de-Garguier (à Gémenos, près d’Aubagne) dansaient en soufflant dans les toutouros, couronnés de tresses d’ail. Ces trompettes se vendaient beaucoup au fameux marché de l’ail à Marseille (voir paragraphe plus haut) dite aussi "foire de la Saint-Jean ", ou "foire à l’ail et aux taraïettes" (poteries typiques d’Aubagne). On y retrouvait aussi nos célèbres herbes de la Saint-Jean. 👍
Greg - 24 juin 2024

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